C'est moi qui suis le papillon, lui la flamme, et je vais me brûler. Je le sais. | Gralfie

Château de Woodfields, un lieu d’exception pour une soirée d’exception. Les talons qui claquent sur le sol en marbre, une robe de créateur, les lèvres colorées de rouge. Sur ses talons de douze centimètres, Grace balaye la pièce d’un regard. D’où elle est, personne ne peut la voir alors qu’elle a une vue imprenable sur l’ensemble de la pièce, de ses convives. On ne fait pas les choses à moitié chez les Montgomery et ce soir, Arthur présente officiellement celle qui fait battre son palpitant. Il resserre les doigts sur l’avant bras de sa compagne, comme pour montrer qu’il la possède, Grace c’est son trophée. Un dernier regard échangé avant de faire leur entrée. Grace se dégage de l’étreinte de son fiancée, pour enlacer le muscle saillant d’Arthur. Elle est fière Grace. Ils entrent et des murmurent se font entendre. Elle ne manque pas de relever une mèche de cheveux pour satisfaire les âmes curieuses de la soirée. Oui, c’est un énorme diamant qu’elle porte. Elle regarde d’un air distrait les regards envieux, elle regarde avec dédain ceux ou la jalousie est flagrante. Arthur lui tend une main pour l’aider à monter sur la scène, d’un geste presque théâtrale, elle relève le bas de sa longue robe. Elle pince les lèvres, elle aime se donner un air faussement gêné. Elle échange un regard vers son frère et sa soeur. Elle sait bien qu’ils ne sont pas ravis d’être là, mais elle apprécie l’effort. A nouveau, elle contemple les visages familiers de l’assemblée. Son coeur manque un battement, lorsque son regard croise celui d’Alfie, un verre de whisky à la main, les traits tirés, la veine de son front qui trahie ses émotions, les sourcils froncés. Arthur dit quelques mots, pour présenter la nouvelle madame Montgomery, elle n’ajoute rien, un simple geste de la main pour remercier l’ensemble des convives, elle redescend bien vite de la scène. Arthur l’entraine sur la piste de danse, une tradition, l’ouverture de bal des fiancés. Elle essaie de ne pas trop regarder en direction d’Alfie, bien qu’elle ait remarqué l’une des sbires du clan tourner autour d’Alfie. Grace, elle connait chacun des membres de ce foutu gang, elle sait qu’elles sont toutes aux pieds d’Alfie, elle sait aussi qu’il a ses règles. Mais, elle est jalouse Grace et elle ne peut s’empêcher de voir la commissure des lèvres d’Alfie qui s’étirent, les courbes insolantes de la gamine, et cette main qu’elle pose sur le torse du chef de meute. Après ce qui lui sembla une éternité la chanson pris fin. Arthur murmura quelques mots à son oreille. Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Elle savait qu’il avait à faire. Il déposa un baiser sur son épaule, elle y répondit par un sourire. Elle le regarda s’éloigner, un serveur passa à ce moment-là devant elle, elle attrapa une coupe de champagne à la volée. Elle s’autorisa un regard vers Alfie qui choisi précisément ce moment pour planter son regard dans le sien. Elle s’avança vers le couple. Je crois qu’on a besoin de toi en cuisine. Elle s’était adressé à la jeune femme, d’une voix douce, presque amical, elle la gratifia d’un large sourire et regarda d’un air satisfait la jeune femme s'éloigner. Elle bu d’une traite sa coupe et reporta son attention sur Alfie. On félicite pas la future mariée ?

Façade majestueuse. Réception hors de prix. Typiquement le genre de lieux qu'il aime pas fréquenter, Alfie. Qu'il fuirait sous n'importe quel prétexte. Et la raison du pourquoi il est là, elle lui fait tirer la gueule. Les fiançailles de son frère. Si seulement ça avait pu être seulement ça. Être de simples fiançailles. Où tout le monde se serait présenté le sourire aux lèvres, lui y compris. Mais c'est rien de tout ça. Parce que son frère, Arthur, il a passé la bague au doigt à celle qui a pris en otage son cœur, à Alfie. Grace. Amour de jeunesse réduit à néant. Qu'il a délaissé pour se consacrer à son boulot, laissant le champ libre à son petit frère. Il a toute les raisons au monde de les détester tous les deux. Et pourtant il est là. Au milieu de la foule. Lui aussi apprêté. Un costume trois pièces qui se fond dans le décor. Pas spécialement enchanté d'être ici mais il aura fait l'effort. Pour son frère, pour sa famille. Juste pour les Montgomery. Et dés que l'occasion se présenterait, il filerait probablement. Prenant ses jambes à son cou pour disparaître comme un voleur. Sans que personne ne remarque son absence. Mais l'heure est à la fête. Tout le monde s'impatiente. Ne tient plus en place. Trop pressé de voir le couple arriver. Échanger leur slow. Fêter avec eux. Et Alfie, il a le visage qui se crispe quand la foule se tait. La mâchoire qui se serre quand ses yeux se posent sur le couple de jeunes fiancés. Ils puent l'amour à des kilomètres. Ils respirent le bonheur à défaut de causer son malheur. Pourtant il cherche pas à s'y opposer. Il se contente d'observer. Son regard ne se détache pas de Grace. Son coeur menace de lâcher. Elle est belle, Grace. Et il aimerait être à la place de son frère. Il aimerait pouvoir lui dire à quel point elle est belle. Et il sait pertinemment que c'est lui qui devrait être en train d'échanger cette danse avec elle. Il en est convaincu. Les remords le bouffent de l'intérieur. Il se sent s'enfoncer contre le mur sur lequel il est adossé. Ses doigts jouent sur son verre de whisky qu'il finit par descendre d'une traite, les sourcils froncés. Impossible de ne pas deviner dans quel état il est. La colère le ronge. La haine le hante. Il a la rage dans le creux du ventre. Une véritable bombe à retardement. Son attention est rapidement attirée par une poupée brune qui vient jusqu'à lui. Membre du gang depuis quelques mois maintenant elle aussi. Une compagnie agréable pour une soirée qui s'annonçait pourtant être un fiasco. Pourtant il a ses règles. Ses propres interdits. Pas de relations de ce genre au sein du gang. Jamais. Mais ce soir il ne se priverait pas. Exceptionnellement. Ses lippes s'étirent en un large sourire alors qu'elle se rapproche de lui. Une main doucement posée sur le dessus de son torse. Sa propre main à lui qui se rabat au niveau de sa taille. Geste volontairement fait alors qu'il plante son regard dans celui de Grace qui ne tarde pas à s'avancer vers eux. On se revoit plus tard. Qu'il adresse à celle qui lui tenait compagnie. Elle lui répond d'un simple geste de la tête, le sourire niché au coin des lèvres, avant de s'éloigner vers les cuisines. Compte pas sur moi là-dessus. Alfie, il se contente simplement de se redresser face à Grace, laissant la blonde capter toute son intention. Evidemment qu'il n'allait pas la féliciter. Ce serait le comble. Et ça lui arracherait la gueule s'il venait à le faire. Ça m'étonnerait que le futur marié soit ravi de te voir avec moi. Il l'observe sans trop insister. Prononçant ses mots avec une pointe d'ironie, sourire à peine visible sur les lèvres, récupérant au passage d'un serveur un verre de whisky sur le plateau. Il s'amuse à faire bouger le verre entre ses doigts, à faire danser le liquide brun dans le fond de son bock. Alors quoi, t'as pas mieux à faire ce soir que de réduire mes plans à néant ? qu'il balance avant de descendre quelques gorgées de whisky. Le goût amer de l'alcool lui faisant tirer la tête pendant un moment.

Ils se connaissent, ils se devinent. Grace, elle sait qu’elle ne peut pas lui mentir. Il le sait au fond, ce qu’elle ressent, mais il a trop peur de se l’avouer. Parce qu’elle a été à lui pendant dix ans. Parce qu’elle lui a cédé une partie de son âme et qu’Alfie, ça l'a rendu faible. Alfie, il fait pas dans la dentelle. Il cache pas ses émotions. Elle le voit, qu’il est en colère, elle le sait qu’en s’affichant au bras d’Arthur, il y a cinq ans, elle a brisé quelque chose en lui. Et ça lui tort les boyaux, cette loyauté qu’Alfie affiche à sa famille. Parce qu’il choisira toujours Arthur à elle, du moins, c’est l’impression qu’il donne. Il n’a jamais montré le moindre signe de gêne dans ces fiançailles. En revanche, il l’assassine à chacune de ses phrases. Il ne la regarde plus comme une divinité, depuis qu’elle a changé de lit. Arthur a autre chose à faire. Elle marqua une pause. Puis, je serai finalement une Montgomery alors… Elle laissa sa phrase en suspens. Pleine de sous-entendu, de non dit. Une Montgomery, parce que c’est son destin. Entrée dans cette famille qui sème la terreur. Parce que c’était la place d’Alfie, mais qu’il l’a cédé à son frère. Parce qu’elle se refuse à quitter ce clan. Même si cela signifie qu'elle doit toucher Alfie, uniquement avec les yeux. Elle réprima un rire tout en arquant un sourcil. Tes plans avec ça ? Elle désigna la brunette du menton. Tu nous as habitué à un peu plus de classe Montgomery. Grace n’a jamais appelé Alfie par son prénom. Elle le regarda boire son whisky, tourmenté. Elle pris le verre des mains du gangster, chose qu'aucune autre fille n'aurait osé. Alfie, il impose le respect. Elle s’était toujours tout permis avec lui, pourquoi changer ? Elle but une longue gorgée du liquide, ça lui brulait la gorge et la langue, mais la sensation était salvatrice. Elle plongea son regard dans ceux de son ancien amant, silencieuse pendant plusieurs secondes. Elle avait à la fois envie de le gifler pour son détachement envers elle, mais elle ressentait aussi, un élan d’affection pour celui qu’elle aimerait à jamais. Grace détourna finalement le regard. Elle ne gagnait jamais à ce jeu-là. Jamais avec lui. Mascarade. Elle regarda la foule. Son regard croisa celui d’Arthur, instinctivement, elle reposa le verre de whisky sur le bar. Comme une enfant prise en faute. Alfie avait raison, Arthur serra la mâchoire. Elle pouvait voir le sang battre ses tempes d’où elle était. Il bouillonnait. Alfie, avait toujours été l’unique sujet de discorde entre les deux amoureux. Elle profita d’un mouvement de foule pour attraper la main d’Alfie. Sans un mot, elle traversa la pièce, resserrant les doigts autour de ceux du jeune homme. Ses idées tournaient dans sa caboche. Et maintenant quoi ? Elle se retrouva sur le porche de l’hôtel. Avec les moins dix degrés et la robe blanche hivernale de Woodfields, ses escarpins et sa robe à dos nus. J’étouffe là-dedans. Explications futiles. Mais avec Alfie, les mots ne servaient à rien. C’était bien le seul à comprendre ses sauts d’humeur. Elle sortit de sa pochette une cigarette. Tu as du feu ?  

Il n'avait aucun secret pour elle et elle n'avait aucun secret pour lui non plus. Il comprenait très bien dans son regard qu'elle était là juste pour l'enfoncer. Ou du moins c'est ce qu'elle pouvait laisser croire. Qu'elle était là seulement pour le rabaisser. Lui rappeler qu'elle n'était plus sienne mais bien celle de son frère. Qu'aucun retour en arrière ne serait possible. Qu'il avait merdé. Par rapport à lui, par rapport à elle. Par rapport à eux. Que ce « eux » n'était qu'un lointain souvenir. Et ça réveille une douce colère en lui. Ça lui secoue les tripes, lui anime le regard. Il est en colère. Il est en colère et c'est pas difficile de le remarquer. Les sourcils froncés, les traits du visage tirés. Il disparaîtrait en un claquement de doigt s'il pouvait. Il aurait même pu ne pas venir du tout. Ne pas mettre les pieds ici et ne pas avoir à affronter ça. Mais jamais il aurait pu se le pardonner. Par rapport à son frère, par rapport aux Montgomery. Loyauté sans faille il paraît. Et ce genre d'événements dans la famille, ça se rate pas. Même si la fiancée est pas celle qu'Alfie aurait espérer. Non, il l'aurait préféré à ses côtés à lui, c'est certain. Peut-être que tu devrais trouver autre chose à faire toi aussi... Qu'il répond la mâchoire serrée, ses doigts jouant sur les reliures de sa chevalière. C'est pas lui qui était censé t'offrir cette opportunité. Propos pleins de regrets. Il n'était pas à l'aise. Loin de là. Et il était très bien conscient du fait qu'il n'avait rien à faire en compagnie de Grace. Surtout pas maintenant, à ses fiançailles. Alfie, il était lucide sur le fait que ça allait envenimer ses relations avec son frère. Parce qu'Arthur savait tout de l'histoire entre Grace et Alfie. Parce qu'il en avait été le spectateur pendant un moment. Avant qu'Alfie ne se barre et ne lui laisse la voie libre. Aujourd'hui c'est lui qui allait la glisser dans les rangs des Montgomery. Il arqua un sourcil suite au rire de la blonde. Sauf que ce soir la classe se pavane aux bras de mon frère. Léger pique lancé alors que ses lèvres s'étirent en un large sourire. C'est vrai qu'habituellement il ne sautait pas sur la première venue. Qu'il ne se laissait pas aventurer dans les bras de n'importe qui et que ses choix étaient nettement plus réfléchis. Mais maintenant que celle qu'il avait toujours aimé se retrouvait aux côtés de son frère, il ne se sentait plus capable de faire le moindre effort. Comme si même la moins alléchantes des compagnies devenait la plus intéressante. Il observait Grace alors qu'elle lui prit son verre des mains. Son sourire ne se détachait pas de ses lèvres. Elle savait comment jouer avec lui. Avec ses nerfs. Et son regard se posa rapidement sur celui de la blonde. Il le tiendrait jusqu'à ce qu'elle détourne le regard. Jamais il ne baissait les yeux. Jamais il ne montrait le moindre signe de faiblesse. Surtout pas vis-à-vis de Grace. Surtout pas maintenant. Il aimait jouer à ça. Il aimait se perdre dans le fond de ses pupilles. Chercher à y trouver le moindre signe de sensibilité jusqu'à ce qu'elle tourne des yeux. Son cœur loupe un battement quand il sent les doigts de la blonde se lier aux sien. L'incompréhension dans les yeux, sourcil arqué comme à son habitude. Et c'est presque automatiquement qu'il interroge la poupée blonde du regard. Tu mets notre vie en danger en me traînant ici. Complètement sur la défensive. Il en ignore presque ses propos. Léger mouvement de recul pour se détacher d'elle et marquer une distance alors que sa main gauche glisse dans la poche intérieure de son blazer. Venant à en sortir son briquet qu'il tend à la blonde. J'peux savoir à quoi tu joues ?

Les piques de l’homme pourraient passer pour des compliments ou un aveux de faiblesse. Mais c’est mal connaître l’aîné Montgomery, et c’est mal connaître Grace. Elle ne s’autorise aucune interprétation dans les faits et gestes du chef de famille. Elle sait depuis longtemps que ses mots ne traduisent pas ses idées, que ses actes ne répondent pas à ses maux. L’atmosphère se tend, devient électrique. Il y a toujours eu cette sensation bizarre qu’il n’y avait qu’eux même au milieu d’une foule. Sans le vouloir, ils avaient toujours donné cette impression aux autres qu’ensemble, il n’y avait plus personne. La chaleur s’installe et le liquide amer du wisky persiste en fond de bouche. Dans un élan de spontanéité, elle entraine l’ex homme de sa vie en dehors des mondanités. Parce que ça ne ressemble à aucun d’eux. Parce que les occasions de le voir sont trop rares, parce qu’elle a besoin de sentir la chaleur de sa main au creux de sa main à défaut de ses reins. Elle réfléchit pas Grace dans ces moment-là. Les moments où son coeur prend le dessus. Les moments ou Alfie contrôle la situation, alors qu’elle sent le sol se dérober à chacune de ses respirations. Une fois dehors, Alfie ne tarde pas à l’accabler. A quoi jouait-elle ? C’était une bonne question. Elle pris le briquet des mains d’Alfie et alluma sa cigarette, fumée salvatrice qui encrasse ses poumons jour après jour. Je ne joue pas. Elle en devenait presqu’agressive. Elle tira à nouveau sur sa cigarette. Et toi ? Tu ne manque pas de culot de te pointer ici avec ta pétasse. A faire une tête d’enterrement et à tenir de tels propos. Elle considéra un petit moment Alfie qui restait impassible, comme à son habitude. C’est toi qu’est parti, tu croyais quoi que la vie arrêterait de tourner ? Tu peux pas revenir comme ça et te comporter de cette manière, alors que tu nous as lâchement quitté pour faire dieu sait quoi. Ce n’était pas tout à fait le fond de sa pensée. Ce n’était pas son absence de cette dernière année qu’elle avait en travers de la gorge. C’était la rupture. Quand il avait décidé qu’il en avait marre d’elle et qu’il l’a laissé se rapprocher d’Arthur, sans même lever le petit doigt.

La colère prend le dessus. L'atmosphère est clairement tendue. Et ses démons le tiraillent de l'intérieur. Se déchaînent dans ses tripes et piétinent son cœur. Il essaie de rester de marbre. De faire comme si les mots de la blonde n'étaient pas en mesure de l'atteindre. De l'affaiblir. Il reste stoïque, droit. Et il ne flanche pas sous ses propos, un fin sourire sur le coin des lèvres. Le visage qui témoigne de tout le contraire de ce qu'il a au fond du cœur. De la haine. Le whisky ne corrige rien. Il est bien loin d'aider. Alfie qui a du mal à réfléchir, à aligner clairement deux idées. Liquide brûlant qui se confond avec son sang dans un parfait mélange. Son sang qui se retourne quand la poupée blonde le traîne dehors, sur le porche de l'hôtel. Il l'observe. L'interroge du regard. Incompréhensif et sur la défensive. Il ne céderait pas à ses charmes. Pas cette fois. Il ne se l'autoriserait pas à lui même et puis, dans tous les cas, il ne pouvait pas se le permettre. Pour le bien de tout le monde. Pour le bien de son frère. De sa famille. Et probablement de toutes les personnes présentes à la réception. Il ne perd pas de temps pour l'accabler. Essayer de la ramener à la raison. La dissuader, étouffer toutes ces folles idées qu'elle a probablement dans la tête. Briquet qu'il lui tend finalement alors qu'il l'observe recracher la fumée épaisse et opaque de sa cigarette. Les traits de son visage se tirent à nouveau sous les mots de la blonde. Reproches sur reproches. Parce que t'espérais que j'vous saute au cou, que j'vous félicite ? Tu t'attendais réellement à ce que je sois heureux pour vous ? Plutôt me pointer avec ma pétasse comme tu dis. Plutôt crever que d'vous souhaiter tout le bonheur du monde. L'impulsivité le fait répondre alors qu'il sait qu'il devrait se contenter de faire volte-face. De la laisser en plan ici, sur le porche. Mettre fin à la conversation serait la plus raisonnable des choses à faire. Mais Alfie, il est pas raisonnable. Loin de là. Donc parce que j'suis parti ça te laissait l'opportunité d'écarter les cuisses pour mon frère ? C'est comme ça que la vie est censée continuer à tourner, hein Grace ? Le ton monte. Les mots sont crus. Froids. Et peu réfléchis à vrai dire. Alcool qui prend le dessus sur la raison. Il attend une claque. Une gifle qui lui remettrait les idées en place, la joue déjà presque préparée. Il a le myocarde en suspend. Laissant comprendre qu'il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'elle allait faire part du clan des Montgomery grâce à Arthur. À cause d'Arthur.

Alfie il fait mal. Il a un franc parlé certain. Ses mots claquent, ses mots giflent. Il mâche pas ses mots Alfie. Et Grace, ça lui fait mal. Même lorsqu'elle sait qu'il ment. Elle tombe dans le panneau Grace, elle tombe pour lui Grace. Elle tire sur sa cigarette telle une toxicomane. Elle recrache la fumée presque aussi vite. Elle a le corps chaud, la colère qui lui embrase le coeur. Elle a froid Grace. Parce que ses bras ne sont plus là le soir. Parce qu'il fait moins dix degrés. Un frisson lui parcoure l'échine. Il a une lueur dans les yeux. Il la méprise, il lui en veut, elle le dégoute. Mais elle tient tête Grace. De toute façon, il n'y a que ta petite personne qui compte hein ? Elle lui en veut Grace. Elle lui en veut de l'avoir quitté pour ses affaires, elle lui en veut d'être parti, de l'avoir laissé toute seule. Elle lui en veut de l'avoir privé de sa présence pendant une interminable année. Les affaires avant les femmes ? Elle arque un sourcil. Ouai, c'était la solution. Parce qu'Arthur, il veut pas juste me baiser, Arthur m'aime, chose que tu as toujours été incapable de faire hein ? Elle pointa son index sur le thorax de son ex amant. Il y a rien là dedans. Rien que du vide. Et tu finiras seul, parce que tu comprends rien à rien. Elle réprima une larme qui semblait vouloir s'échapper. Elle ne pouvait pas craquer, pas ce soir. Elle lui lança un dernier regard. C'est toi qui nous as fait ça. Elle tourna les talons prête à partir, se bourrer la gueule, emmener Arthur dans l'une des chambres du château pour qu'il lui montre combien il l'aime, qu'il l'assène de coup de reins. Qu'elle ressente quelque chose d'autre que l'énorme déchirure dans son palpitant.

Les mots dépassaient les pensées. Le cœur parlait à la place du cerveau. La haine prenant le dessus sur la raison, sur le rationnel. Il frappe, Alfie. Il frappe sans réfléchir aux conséquences. Et ses mots ont l'effet d'un coup de massue. Violents, froids, crus. Il se soucie pas du fait que ça pourrait blesser la blonde. Du fait qu'il est en train de tout foutre en l'air. D'enfoncer le clou, de pousser le vice. C'est qu'un pauvre connard qui essaie de se montrer sans attache. Qui essaie de faire comme si la situation ne le dépassait pas. Mais il crèverait pour elle. Il se torture lui-même à la rabaisser plus bas que terre. Il a le cœur retourné. Le sang qui ne fait qu'un tour. La colère dans le fond de la gorge. Aucun scrupule. Aucun remord. Même si c'est celle qu'il aime et qu'il a toujours aimé à qui il s'en prend. Il lui en veut. Il lui en veut et il veut lui faire comprendre. Regard en biais qu'il dépose sur elle alors qu'elle se rapproche de lui. Alors que son index se pose sur son torse. Les sourcils qui se froncent alors qu'elle lui reproche un tas de chose. Son départ. Son égocentrisme. Toutes les conneries qu'il a accumulées pendant des années. Putain Grace, j'voulais pas t'attirer d'ennuis. J'pouvais pas faire autrement que d'te laisser plantée là. J'ai buté un gars du club. J'ai buté un gars du club Grace, tu voulais que j'fasse quoi de plus ? Il a les poings qui se serrent, la mâchoire qui se crispe. Douloureux aveux. Crime que tout le monde ignorait, le club le premier. Il a le ton qui monte, la voix qui s'élève. Haine amoureuse dans le creux des veines. Bah tant mieux s'il t'aime. Tant mieux si t'es heureuse. J'te mérite pas et j't'ai jamais méritée. T'as plus de temps à perdre. Plus avec moi en tout cas. Vous vivrez heureux et vous aurez plein d'enfants et ce sera mieux comme ça, hein. Pour tout le monde. Toi la première. Il baisse le regard vers l'index qu'elle pose sur son torse. Là-dedans y'avait que toi. Y'a toujours eu que toi. Mais t'as raison, y'a plus que du vide maintenant. T'es plus la mienne maintenant et ça m'fait crever de le constater. Les derniers mots de la poupée blonde sonnent comme une claque. Celle qu'il attendait plus physiquement que comme ça. Et y'a son regard qui se perd sur sa silhouette alors qu'elle s'éloigne. Son bras qui attrape le poignet de la blonde à la volée alors qu'il la ramène à lui presque immédiatement. La tirant contre lui, ressentant la chaleur de son corps bouillonnant contre le sien. Me laisse pas, Grace. J'suis désolé. J'voulais pas que ça prenne cette tournure. J't'en supplie, faut qu'on oublie toute cette merde. Semblant d'humidité dans le fond de la pupille alors qu'il plante son regard dans celui de la blonde. Ses démons jonglent avec son cœur et y'a qu'elle qui peut mettre fin à ses maux. C'est dit, c'est écrit.

Blablabla, c'est tout ce qu'elle entend Grace. Toujours la même rengaine. A croire qu'en lui piétinant le coeur, il lui avait rendu service. A croire, qu'il était dieu et qu'il savait mieux que tout le monde. Mais non. Grace ça l'avait détruit le jour ou il lui dit droit dans les yeux, c'est terminé, je ne t'aime plus. Grace, ça lui a brisé le coeur de le voir avec d'autres filles. De le voir avec d'autres filles. Grace ça la tue qu'il ait renoncé à eux, alors qu'à deux ce sont les pus forts. Grace, c'est la reine dans le royaume des wolves. Mais elle s'en fout. Grace, elle voulait juste être la reine du royaume d'Alfie. Triste réalité de constater qu'il souffrait autant qu'elle. Mais sa vue se brouille, elle est surprise par ses propres larmes. Et soudain, un aveu. Une explication. La raison de la rupture. Elle encaisse Grace. Elle encaisse la nouvelle, mais son regard ne change pas sur lui. Il ne change pas, parce qu'elle sait qui il est. Elle encaisse, parce qu'elle ne le connait que trop bien. Elle sait qu'il est meurtri. Quelque chose est mort en lui. Elle n'y était pas, mais elle sait. Elle sait, qu'il y a laissé un bout d'âme. Et tout s'éclaire. La lumière se fait. Elle a envie de le serrer dans ses bras, elle a envie de lui dire de l'enlever. Grace, elle veut tout oublier, tout quitter. Grace, elle veut Alfie tout entier, avec ses défauts et ses qualités. Avec ses principes à la con et ses semblants de sourire. Grace, elle le veut et puis c'est tout. Mais Grace est promise à un autre et Alfie ne l'aime plus. Il le lui a dit, il y a cinq ans et il y a toujours un fond de vérité. Du moins, elle croit. Grace, elle n'arrive plus à trier ses idées, elle est perdue. Elle a froid Grace, et au loin, elle entend la chaleur de la soirée. Sa soirée. Ses fiançailles. Sa vie. Elle tourne les talons. Parce qu'elle a mal. Parce qu'au fond il a raison. Elle mérite mieux. Lui aussi. Ils ont loupés le coche. Ils se sont fait trop de mal. Et Arthur, il a rien fait de mal, sauf l'aimer. Il l'a toujours mise sur un piédestal. Arthur, il sait aimer. Arthur, il prouve les choses. La chaleur de la main d'Alfie sur son bras, l'a ramène à sa place. Il lui fait presque mal. Mais c'est bon. C'est bon de sentir ses mains sur elle. De ressentir autre chose que de la colère. Elle le regarde dans les yeux. Elle reste quelques secondes comme ça. Et c'est plus fort qu'elle, elle s'avance et ses lèvres retrouvent immédiatement celle de son ex amant, leurs corps s'épousant naturellement. Comme une vieille habitude. C'était comme avant. Comme avant toute cette merde. Elle y va franco Grace, ça fait trop longtemps qu'elle attend. Elle se fout complètement qu'on puisse les surprendre. Il n'y a, l'espace d'un instant, que lui et elle. Deux âmes qui se complètent à la perfection. C'est un tourbillon d'émotion. Comme si rien n'avait changé. Elle sent des fourmillements dans tout son corps. Elle ne se prive pas de lui toucher les cheveux, le cou, le torse, les hanches. Ses mains se baladant et retrouvant ce qu'elle ne connaît que trop bien. Cette étreinte semble hors du temps, elle ne sait même plus où elle se trouve. Des rires au loin se font entendre, ramenant Grace les pieds sur terre. La réalité qui rattrape inlassablement la jolie blonde. La seconde d'après Grace se prend la réalité de plein fouet. Elle se dégage de l'étreinte d'Alfie et l'assène d'une gifle spectaculaire. Elle s'en secoue la main, surprise par sa propre violence. T'es vraiment trop con. T'aurais dû me faire confiance. Elle reste bête un instant. Elle regarde ses pieds. Elle relève finalement la tête vers Alfie et reprend d'une voix timide. J'ai froid. Elle le gratifie d'un sourire. Ceux dont elle a le secret. Celui qui dit, je t'aime.  

Jamais de sa vie il aurait pu penser finir dans cette situation avec Grace. Il aurait pu prier jours et nuits pour l'éviter. Ne pas avoir à l'affronter. Ne pas ressortir toutes les fois où ils avaient merdés. Et pourtant ils le fond. Ils se tirent dessus à l'aide de mots. Se détruisent mutuellement autant qu'ils s'attirent. Ils avaient perdus tout les deux une partie de leur âme quand ils s'étaient séparés. Quand, les yeux dans les yeux, il avait eu le culot de lui dire qu'il l'aimait plus. Quand il a claqué la porte et qu'il a disparu pendant un an. Véritable fantôme sur les radars. C'était plus par obligations que par réelles intentions qu'il l'avait fait. Ses conneries avaient coûté la vie à un gars du club et il pouvait pas accepter de mettre en danger les Wolves. De la mettre en danger elle. Si elle avait eu le moindre problème par sa faute, il s'en serait voulu toute sa vie. Et même après. Il a essayé de trouver du réconfort ailleurs. Essayé de se perdre entre d'autres cuisses pour effacer le portrait de Grace qu'il avait greffé au cœur. Mais dés qu'il se pavanait aux bras d'une autre, d'une parfaite inconnue, c'était avec elle qu'il s'imaginait. Avec elle et avec aucune autre. Parce que Grace, c'était son enfer et son monde. C'était sa reine. La seule qui en valait la peine. La seule sur qui il voulait poser le regard, les mains, le corps tout entier. C'était sa comète. Son idéal, son autre. À ses yeux, elle était sienne. À lui et à lui seul. Il avait beau lui dire qu'il ne l'aimait plus, qu'elle ne représentait plus rien, son esprit tout entier en disait autrement. Il ne pouvait pas vivre dans un monde sans elle. Ne pouvait pas imaginer une vie sans qu'elle soit à ses côtés. Il l'a aimé, il l'aime et il l'aimera toujours. Elle et son caractère de merde. Elle et ses semblants de manières de princesse. Sauf qu'il a merdé et aujourd'hui il en paie le prix. Goût amer dans le fond de la gorge quand il l'a vue aux bras de son frère. Les tripes tiraillées quand il s'est rendu compte que trop vite elle l'avait remplacé. Mais il pouvait pas lui en vouloir. Il essayait mais il n'y arrivait pas. Bien conscient du fait que Grace, elle était beaucoup trop bien pour lui. Alfie, il était loin de la mériter. Elle méritait un gars bien. Du bonheur à en couper le souffle. Une vie qui pourrait en rendre tout le monde jaloux. Et il savait très bien que lui, il était pas en mesure de lui offrir ça. Pourtant son cœur refusait de l'accepter. Toujours torturé par l'amour qu'il portera à la blonde pour le reste de ses jours probablement. Les aveux surgissent. Les regrets aussi. Pointent d'émotion dans le fond de la voix. Le corps d'Alfie qui demande silencieusement celui de la poupée. Étreinte dont il rêve encore secrètement quand la nuit allonge les ombres. Son palpitant manque un battement quand elle fait volte-face. Sa main rattrape presque trop violemment le poignet de la blonde alors qu'il la tire vers elle. Leurs regards se croisent pendant une fraction de secondes et le temps se suspend enfin. Tout s'arrête autour d'eux. Il sent ses lèvres s'échouer sur celles de Grace. En redemander encore et encore. Il prie intérieurement pour que rien ne puisse les arrêter. Pour que cet instant soit éternel. Pour que ce ne soit pas un putain de rêve. Il en remet une couche, comme si cette étreinte était la dernière, sa main se nichant dans le creux du dos de la blonde alors qu'il la ramène d'avantage contre lui. Son corps fait appel à celui de Grace. Ce corps qu'il ne connait que trop bien. Le seul qu'il pourrait imaginer dans les moindres détails en fermant les yeux. Ses paumes se perdent sur sa nuque, ses joues. Visage qui le hante jours et nuits. Qui lui avait beaucoup trop manqué en un an. Il en oublie presque la réception. Les fiançailles. Il en oublie presque qu'elle est promise à Arthur. Et il en a rien à foutre. Parce qu'elle est sienne. Parce qu'au fond de lui il veut se convaincre qu'elle le sera toujours. Léger sentiment de manque qui l'envahit alors qu'elle détache ses lèvres des siennes. Alors que la main de la blonde vient s'abattre contre sa joue. Ça le ramène à la réalité. Ça lui remet les idées en place. Sonné pendant un moment. Sous le choc de la violence de la blonde. Oh putain. Il tire la moue un moment pour refaire circuler le sang dans sa joue, laissant un léger rire de gamin s'échapper de ses lèvres. Toujours aussi imprévisible. Il se recule légèrement, défait entièrement l'étreinte qui les liait pour retirer sa veste. Se rapprochant de la blonde à nouveau pour lui glisser le manteau sur les épaules, déposant presque trop vivement un baiser sur le sommet de son front. T'es magnifique ce soir. Détail qu'il n'avait pas mentionné plus tôt. Que la haine lui avait fait oublier. Il lui rend son sourire alors que leurs regards se croisent. Il crèverait pour qu'elle pose plus souvent ses yeux sur lui. Il crèverait pour qu'elle soit à nouveau sienne. 

Elle ne peut s'empêcher de rire à sa remarque. Imprévisible. Comme lui. Comme cette soirée. Comme la vie. Il déposa sa veste autour de la blonde et la gratifia d'un baiser sur le sommet de son crâne. Ils jouaient avec le feu. Mais elle s'en foutait. Arthur devait la chercher, elle avait mis son portable en mode "ne pas déranger", elle ne pouvait même pas sentir les vibrations. Et, c'était le bon mode pour ce moment. Ne pas déranger. C'était un moment rare, un moment unique. Un moment ou ils ne faisaient qu'un. Une seule et même personne. Alfie et Grace. Bonnie et Clyde. La belle et la bête. La belle et le clochard. Ils s'aimaient toujours, ça crevait les yeux. C'était peut-être aussi pour cette raison, qu'elle savait que c'était une mauvaise idée de se trouver à cet endroit précis, à cet instant. Elle se frotta la joue contre l'épaule pour y sentir l'odeur d'Alfie. Un mélange de tabac froid et son parfum. Son odeur. Elle s'alluma une nouvelle cigarette. Elle tira dessus et proposa sans un mot de la partager avec son amant terrible. T'es beau qu'elle lui souffle. En guise de réponse. Eprouvé par la vie, le manque de sommeil, l'alcool et la clope. Les traits tirés, les lignes du visage cabossées par les nombreuses bagarres. Le poids de ses soucis entre les deux yeux. Le temps se fige, mais Grace, elle sait qu'elle devra y retourner à un moment ou à un autre. Pourtant, son corps refuse de bouger. Elle préfère savourer cet instant. Il est précieux. Grace, elle sait que l'occasion ne se représentera pas forcément. Alfie et Arthur, c'est une histoire de conflit permanent. Une compétition qui ne cessera jamais. Alfie, c'est le chef. Et Arthur, il voudrait être le roi à la place du roi. Il s'y est essayé, il a échoué. Le seul trophée qu'il a pu conserver, c'est Grace. Réduite à un simple objet. Mais Grace, elle ne peut pas le cacher qu'elle appartient toujours au chef de meute. On l'appelle la femme de gangster, mais le gangster chez les Montgomery, c'est bien Alfie. Elle a mille et une questions à lui poser Grace. Mais elle n'ose pas. Elle a peur des réponses. Mais Alfie et Grace, ont toujours eu "leurs trucs". Ils ont toujours respectés le périmètre de l'autre. Si l'un ne veut pas parler, l'autre se tait. Et si l'un tombe, l'autre le relève. Ce soir, c'est Alfie qui tombe, par son aveu. Même s'il y a des questions qui brûlent ses lèvres et qu'elle taira sans doute, elle se lance. Un air de défi dans le regard. Elle tire à nouveau sur la cigarette, en la prenant des mains d'Alfie. Elle ne manque pas d'effleurer les doigts du mâle alpha. Montgomery, je vais te poser trois questions et tu dois y répondre. Elle se passe la langue sur les lèvres. Elle l'aguiche. Elle veut des réponses. Grace, elle veut qu'il se livre. C'était qui ce type. Pourquoi est-il mort ? Et... Elle marque une pause. Grace, elle sait dédramatiser les situations. Comme-ci, ses deux premières questions avaient été : Tu préfères le thé ou le café ? T'es plutôt pizza ou tacos ? Elle a une question qui la taquine. Mais la réponse l'effraie. T'étais où ? Elle faisait référence à son année d'absence. Cette année, où elle avait fait une dépression, mais dont seul Arthur avait eu connaissance. Parce qu'il l'avait surprise en haut de la montage de Woodfields, qu'elle s'était approché du bord, bien trop près. Parce qu'elle s'était dit avec désespoir qu'Alfie, était quelque part, caché derrière un arbre et qu'il viendrait la sauver. Mais c'était Arthur qui était là. C'était Arthur qui était toujours là. Elle avait peur de la réponse, non pas parce qu'elle craignait pour elle. Mais plutôt parce qu'elle craignait pour lui. Que cette année, ait abîmé son homme. Et comme à son habitude, pour ne pas mettre trop de pression sur les épaules d'Alfie, elle ajouta : Je ne te demande pas si je t'ai manqué, parce que je sais que c'est le cas. Tu n'as jamais su me résister Montgomery. Son coeur s'accéléra, parce qu'elle n'était plus aussi sûre d'elle à présent. Mais, elle l'aimait suffisamment pour deux.  

Il ne peut s'empêcher de se sentir pousser des ailes dans le dos. Comme si la tempête n'était jamais arrivée. Comme si, au-dessus de leur tête il n'y avait jamais rien eu d'autre que le beau temps. Il est sur son nuage, Alfie. À cause de cette étreinte. De ce toucher. Du corps de la blonde contre le sien. Moment déjà envolé. Scénario qu'il se repasse déjà en boucle. Sourire niché sur les lèvres qu'on ne peut plus lui arracher. Sourire aux anges alors qu'il dépose sa veste sur les épaules de la blonde pour la couvrir. Alors qu'il met un terme à cette étreinte en déposant un dernier baiser sur le sommet de son front. Le feu a rencontré la glace. Encore une fois. Comme à l'époque. Amertume qui resurgit. Nostalgie d'un passé qu'il avait pourtant essayé d'enterrer. Il la revoit Grace, gamine qui découvre le monde à ses côtés. Et lui qui l'entraîne jours après jours dans sa galère. Lui, véritable bourreau qui s'entête à tester les limites de sa poupée blonde. Lui qui lui tourne autour comme si c'était un putain de jeu. Un jeu dont eux seuls étaient les maîtres. Et elle, elle qui le pousse de plus en plus loin vers l'amour fou. Jusqu'à ce que leurs âmes n'en forment qu'une seule et unique. Alfie et Grace. Bonnie et Clyde. À la vie à la mort. Promesse tenue sur l'oreiller un beau matin d'été, y'a quelques années de ça. Il l'a promis et il y tient toujours aujourd'hui. Il avait beau avoir prétendu le contraire, il l'aimait. Il l'aimait plus que n'importe qui sur cette terre. Parce qu'elle avait le don de faire s'enflammer son myocarde au moindre coup d’œil. De déchaîner son palpitant au moindre toucher. Et le regard qu'il pose sur elle, il ne l'a jamais posé sur aucune autre. Parce qu'elle est sa muse. Sa véritable louve. Qu'il observe d'un œil attendri, le regard plein d'envie. De l'avoir contre lui. De laisser à nouveau ses lèvres prendre le chemin des siennes, de son cou. Envie de la serrer toujours plus fort dans ses bras. De sentir son épiderme entrer en contact avec le sien. Ça brûle en lui. Il l'observe alors qu'elle se rallume une cigarette, briquet qu'il lui tend presque instinctivement alors qu'il lui accorde un fin sourire. Sourire qu'elle seule pouvait lui faire tirer. Qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'arborer quand il était à ses côtés. Parce que quand ils étaient ensemble, il n'y avait qu'eux. Seulement eux, contre le reste du monde. Cylindre de tabac qu'il récupère alors qu'elle tire dessus. Et il tire à son tour dessus, comme si, plus le tabac se consumait de lui-même, plus la haine et la rancœur qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre finissait en cendres. Le regard planté dans celui de sa louve, il peut pas s'empêcher de détailler les traits de son visage. Une vraie peau de bébé, des yeux de biches qui ne le laissent plus indifférent. Un sourire pour lequel il pourrait crever à chaque fois qu'elle l'arbore. Probablement son plus bel accessoire. Ça pourrait te porte préjudice. Qu'il murmure en laissant son pouce s'échouer au coin des lèvres de la blonde pour en retirer le surplus de rouge à lèvre qui avait bavé suite à l'intensité de leur étreinte. Il ne voulait pas qu'elle prenne de risques. Il ne voulait pas qu'Arthur se doute de quoi que ce soit. Qu'il vienne à comprendre ce qu'il s'est passé. À comprendre qu'ils ont échangé plus que des mots ce soir, Alfie et Grace. Qu'ils se sont retrouvés comme avant, ou au moins un peu. Ce qui s'était passé devait rester entre eux pour le bien de tout le monde. Surtout pour son bien à elle. Parce que la relation entre Alfie et Arthur, elle n'a jamais rien donné de bon. Ça finissait souvent avec les poings. Avec des insultes et des reproches qui fusent. La communication c'est pas leur fort. À aucun des deux. Et le fait qu'Arthur soit fiancé à Grace n'arrangerait rien. Ça ne ferait qu'envenimer les choses. Véritables gamins qui se battent pour le cœur de la blonde. Frisson qui parcoure légèrement son corps tout entier quand elle récupère la cigarette. Quand ses doigts viennent à frôler ceux d'Alfie. Très bien, j't'écoute. Il laisse sa carcasse s'appuyer contre le mur, le regard qui dévie sur les lèvres de la blonde alors qu'elle y passe la langue. Il pourrait se jeter sur elle. Se suspendre à ses lèvres. Mais il se retient. Se canalise et pose niche finalement son regard dans celui de Grace. Plein de défi. Comprenant que c'est le moment de jouer à la roulette russe. Que les questions allaient tomber et que peut-être, peut-être tout allait repartir au quart de tour. Il prend une profonde inspiration, relâche un dernier soupire en passant sa main sur sa nuque. Pas à l'aise pour un sous, le type. Il bossait pour les Wolves en tant que dealer. Il a enfreint les règles du club et a balancé des infos aux flics... Tu sais comment ça s'est passé, après... Mais j'me suis arrangé pour que les autorités recensent ça comme un suicide. Il marque une pose, propos pleins de sous-entendus. La suite était évidente. Les règlements de comptes étaient fréquents. Les mises à mort aussi. Surtout vis-à-vis des membres qui enfreignent les règles. Vis-à-vis des balances et des traîtres qui filent dans les rangs rivaux. Et puis vient la question fatidique. L'absence d'un an. L'endroit où il a créché. J'étais pas bien loin, finalement. Juste de l'autre côté de la frontière, chez les Wolves qui ont implanté leur chapitre dans l'Iowa. Parce que les Wolves se déclinaient en plusieurs chapitres. Tous implantés dans différents Etats du pays. Le business est le même, le boulot est le même. Y'a que les gueules des membres qui changent. Et pourtant, Alfie il avait gardé un œil sur le chapitre de Woodfields. Sur son chapitre à lui. Parce que même à l'autre bout du monde, il garderait un œil dessus. Ça m'a permis de me remettre en question par rapport au club, ici. De me remettre en question par rapport à toi, aussi. Mais j'regrette d'avoir foutu le camp comme ça. Aussi lâchement. Il l'admet. Il admet que c'était lâche de fuir. De disparaître des radars. De coller une peur bleue à tout le monde. On aurait pu le croire mort. Mais il est revenu comme une fleur après un an. Certains ont eu du mal à avaler son retour, d'autres l'ont accueilli les bras grands ouverts. Et tout est rentré dans l'ordre. Plus ou moins. En un an il avait remis un tas de choses en question. Le seul détail sur lequel il n'avait jamais eu de doutes, c'était bien l'amour qu'il portait à sa blonde. Et ça va être compliqué pour moi d'essayer de résister, maintenant. J'en suis pas capable. Légère allusion qu'il faisait. Parce qu'elle était promise à Arthur. Parce qu'il allait devoir se contenter d'être le spectateur de leur vie amoureuse. Parce qu'il occuperait la place du beau-frère et non plus celle de l'amant, maintenant. Et moi, j't'ai manqué ? qu'il prononce en s'autorisant à se rapprocher d'elle. Probablement un peu trop près au goût des gens qui seraient susceptibles de leur tomber dessus. Mais il joue avec le feu. Et son palpitant s'accélère dans sa poitrine comme s'il allait s'enflammer.